01/07/2017

Les Faux Monnayeurs, André Gide (1925)

           


                Aujourd'hui, on se retrouve pour une première chronique qui va porter sur un livre que j'ai lu l'été dernier: Les Faux-Monnayeurs, écrit par André Gide. J'ai dû le lire avant mon année de terminale littéraire. C'était donc plus une obligation et dans un cadre scolaire. Si je décide d'en parler, c'est parce que je sais que de nombreux lycéens vont encore avoir la tâche de le lire, et que je souhaite les rassurer. Car ce n'est pas une lecture si terrible, au final, et voir même enrichissante.
"Il me semble parfois que je n'existe pas vraiment, mais simplement que j'imagine que je suis. Ce à quoi je parviens le plus difficilement à croire c'est à ma propre réalité. Je m'échappe sans cesse et ne comprends pas bien, lorsque je me regarde agir, que celui que je vois agir soit le même que celui qui regarde, et qui s'étonne, et doute qu'il puisse être acteur et contemplateur à la fois."
              Les Faux-Monnayeurs, le seul roman qu'André Gide a écrit dans sa vie, est très compliqué à résumer. C'est une intrigue foisonnante, un roman que l'auteur qualifie lui-même de "touffe". Dans le premier chapitre, nous faisons la rencontre de Bernard, un jeune homme de 16, 17 ans, qui, un jour où personne n'est chez lui, tombe sur des lettres et découvre qu'il est un bâtard: sa mère a en effet eu une aventure avec un autre homme et son père ne s'avère pas être celui qui l'a élevé. Il décide donc de fuguer, à quelques jours du baccalauréat. Nous allons suivre sa route et découvrir un bon nombre de personnages, tous différents des uns des autres.

             Il est vrai qu'il est très facile de se perdre, et ce dés le début de la lecture. En quelques chapitres, le lecteur est perdu, alors que le début d'un roman est censé produire un sentiment contraire. Les personnages semblent tous plus ou moins liés, il y a une multiplication d'intrigues primaires ou secondaires. C'est assez rebutant. Pourtant, c'est l'objectif même de l'auteur: Gide ne veut pas de lecteurs fainéants. Il aime que son lecteur se perde, il aime que son lecteur se questionne, il aime que son lecteur soit actif.
"Il se dit que les romanciers, par la description trop exacte de leurs personnages, gênent plutôt l'imagination qu'ils ne la servent et qu'ils devraient laisser chaque lecteur se représenter chacun de ceux-ci comme il lui plaît."
             Pour revenir à la question des personnages, il y en a donc une galerie impressionnante. Entre Olivier, le meilleur ami de Bernard, Edouard, écrivain raté et oncle d'Oliver, Vincent, le frère d'Olivier, Laura, amie d'Edouard et enceinte de Vincent, Passant, écrivain célèbre et ennemi d'Edouard, Liliane, amie de Passavant et qui a une aventure avec Vincent... Tous ces personnages permettent à André Gide d'explorer de nombreux thèmes: la pédérastie, le milieu de la littérature, l'écriture, la fausse monnaie, le mensonge, le Diable et l'Ange, les apparences qui peuvent être trompeuses, l'argent, la religion, l'anarchisme, mais aussi l'adolescence.

                 Car Les Faux-Monnayeurs, si il n'est pas un roman policier comme on pourrait le penser, et si il ne traite pas d'une enquête concernant un trafic de fausses pièces (André Gide aime tromper ses lecteurs, rappelez vous en), il reste un roman qui traite de l'apprentissage. C'est un Bildungsroman, si vous voulez, comme disent nos amis les Allemands.

                 Les adolescents sont très nombreux et évoluent dans une société corrompue. Ils se laissent abuser par des gens qui ne sont pas toujours remplis de bonnes intentions. Le parfait exemple est le personnage d'Olivier, qui montre plusieurs facettes tout au long du roman. Si, au départ, il est un jeune homme décrit comme timide, il devient rapidement violent, sous l'influence négative de Robert de Passavant.
 "Je crois que c'est le propre de l'amour, de ne pouvoir demeurer le même; d'être forcé de croître, sous peine de diminuer; et que c'est là ce qui le distingue de l'amitié."
               Les Faux-Monnayeurs, c'est, pour ma part, un classique de la littérature française qu'il FAUT avoir lu. Si, au départ, il ne semble pas être très attrayant, il se révèle être un roman très complexe et magnifique par cette complexité. C'est en multipliant les personnages, intrigues, anachronismes et thèses, et grâce à la mise-en-abyme qu'André Gide a su se démarquer des autres auteurs de son époque.

            C'est par cette complexité que ce roman me fascine, et je suis très contente d'avoir eu l'occasion de l'étudier au lycée. Il faut s'accrocher, mais ça en vaut largement la peine. Je n'ai jamais lu de roman semblable auparavant. Peut-être qu'André Gide aurait pu encore plus réussir l'exercice, si il n'avait pas précipité la fin et développé certains éléments de son intrigue.

          Enfin, un dernier conseil: c'est en lisant Le Journal des Faux-Monnayeurs que vous comprendrez mieux les raisons de ses choix. Je vous conseille vraiment la lecture de ce journal; en effet, riche en anecdotes, il nous permet de découvrir les procédés et choix d'écriture de Gide, ses interrogations concernant son intrigue et son développement. C'est un journal qu'il a publié dans ce but, à l'attention des lecteurs qui veulent en apprendre plus sur le métier d'écrivain.
"Le livre, maintenant, semble parfois doué de vie propre ; on dirait une plante qui se développe, et le cerveau n’est plus que le vase plein de terreau qui l’alimente et la contient." JDFM

6 commentaires:

  1. Pour ta première chronique, je la trouve super ! :)

    Elle est vraiment intéressante et correctement construite. Aussi bien du point de vue du contenu, que de la présentation. Tu as aéré ton texte avec plusieurs paragraphes, qui abordent les différentes idées que tu as retenues de ta lecture et qui t'ont marquée.

    J'aime beaucoup l'idée des citations extraites de l'oeuvre. J'ai pris plaisir à lire ton avis, à découvrir tes impressions sur ce classique, dans lequel tu m'as donné envie de me plonger un de ces jours ;)

    Tu abordes les points essentiels de ta lecture, ce sont eux qui font d'une chronique une bonne critique littéraire. Après, au lecteur de savoir si ce livre le tente ou non.

    Je pense que tes chroniques pourraient encore s'enrichir davantage avec quelques informations sur TON livre : auteur, édition et collection, nombre de pages... Ce ne sont que quelques suggestions, ton article est déjà génial tel quel ! Mais ce pourrait être un petit plus ;)

    Je te souhaite une très belle soirée Zoé, de bonnes lectures et te dis à très bientôt.

    Sue-Ricette

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    1. Je te remercie pour ton commentaire :-) J'avais peur que ma chronique ne soit pas complète mais me voilà rassurée! Je vais essayer de penser à mettre le nom de pages et l'édition la prochaine fois! Merci pour ce conseil et merci d'avoir pris le temps de lire :-) !

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    2. De rien Zoé, cela m'a fait plaisir. Et si tu as besoins d'autres conseils, tu peux me demander. ;)Belle journée à toi, bonnes lectures.

      Sue-Ricette

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